Le 23 août, nous passons au Mozambique.
Passage de frontière relativement facile. Quelques gars essaient de nous prendre en main pour les formalités mais ils ne sont pas trop collants et on arrive à faire notre petit parcours de tampons seuls.
Visa : 25$ / pers plus une taxe de chais pas trop quoi de 3$ / pers. Ils n'ont pas voulu prendre en compte le CPD, donc on a utilisé leur formulaire d'entrée temporaire de véhicule et payé 25 méticals (1$, c'est pas la mer à boire). L'assurance pour 1 mois : 23$. Pas moyen d'avoir un visa pour une durée supérieure à 1 mois, idem pour la voiture. On a changé un peu d'argent, au cas ou mais le taux est très variable à la frontière. Faut faire jouer la concurrence. On nous a proposé 25 M pour 1$ (c'est le taux utilisé par les commerces), puis c'est monté à 27, 28. Le soucis est que l'on a aucune idée du cours officiel...
Au Zimbabwe, nous avions retrouvé l'Afrique avec ses couleurs, sa nonchalance, ses sourires et ses palabres à l'abri du soleil. Au Mozambique, ça continue, mis à part peut être le premier soir...
Nous stoppons au lac Chicamba où le GPS nous indique qu'il y a un campsite. Nous arrivons dans un endroit sympa au bord de l'eau. 5, 6 bateaux sont amarrés et une dizaine de remorques attendent. Dans la paillote resto/bar, les murs sont couverts de photos de pécheurs avec leur prise. Nous sommes tombés dans un spot de pèche à la carpe et à la perche. Fin d'après midi, tous les bateaux rentrent avec leur gros moteurs, à fond le caisse. Apparemment il n'y a pas trop de poissons dans les caisses et il ne reste plus beaucoup de bière dans les glacières.
Nous décidons de manger au resto, histoire de changer un peu et nous nous retrouvons le soir sous la paillote avec une autre trentaine de personnes (on pensait être quasiment seul mais on n'avait pas compté avec les bateaux). Nous sommes tombés dans un nid de sudafs. Encore eux. Ayant appâté toute la journée à la bière sans trop de résultat, le soir venu, ils changent d'appat et tournent au whisky.
Dans le tas, il y a ce gars. 1m90, dans les 110 kg, un sacré morceau mais comme disent les anglais, a pièce of drunk meat, un morceau de viande saoule. Il parle fort à très fort, il passe de table en table, de verre en verre, s'invite ou plutôt s'impose dans les discussions à droite à gauche. Jusqu'à ce que l'on n'entende plus que lui et son speech si humaniste.
Morceau choisi :
"Putain de nègres, ils sont en train de nous le mettre bien profond. Mais moi, ,je ne me laisserai pas faire. Les nègres, je ne leur ai jamais fait confiance et c'est pas aujourd'hui que cela va commencer. Moi, j'ai mes guns et le jour où on sortira pour se débarrasser d'eux, je serai le premier dans la rue avec mes guns."
Et comme ça pendant près d'un heure.
Autour ça rigole, ça acquiesce quand le piece of drunk meat interpelle l'un ou l'autre. Dans le tas, il y a peut être une table qui tire un peu la gueule, ils mangent sans décoller le regard de leur assiette, ils paraissent gênés. Et puis il y a les mozambicains. Ils parlent tous anglais. Au début on a pu voir leur visages étonné, stoppés dans leur activités par ce qu'ils entendaient et puis certainement comme le flot de paroles mal odorantes ne cessait et que l'auditoire ne manifestait aucune réprobation face à cette déferlante de merde, ils ont repris leur service, comme auparavant, le regard tourné vers le sol. La seule différence est qu'ils avaient perdu leur sourire.
Ce fut l'occasion pour nous de faire une autre explication de texte avec les enfants. Nous avons accroché un tableau de plus à notre galerie de portraits. On l'a placé à droite, au bout.
Il est venu augmenté la représentativité de l' échantillon d'homo sapiens sapiens que nous constituons pendant le voyage.
Le lendemain, direction Beira sur la cote. Nous nous installons au restaurant Biques qui fait aussi un peu campsite. On est à une trentaine de mètres de l'eau à marée basse et encore plus près à marée haute, forcément. L'endroit est sympa, les mozambicains qui y travaillent aussi et c'est tant mieux car il y a des chances que l'on y reste un moment. Carlos, le patron est d'accord que nous utilisions son adresse pour recevoir les cours. Il n'y a plus qu'à organiser l'envoi depuis Cepet.
Au matin de la première nuit, un petit brun (depuis qu'on est au Mozambique on voit des petits bruns, fini les grands blonds. Et 'y en a même qui sont petits bruns avec des moustaches. Nous sommes en Afrique latine.) vient à notre rencontre et nous parle dans un français acceptable à fort accent rocailleux. Au bout d'un moment cet accent ne faisant pas très portugais, nous lui demandons d'où il vient. D'Espagne. Javier est espagnol et suit sur Beira un programme européen de réhabilitation du système d'eau de la ville. Nous sympathisons très rapidement et nous allons nous voir quasiment tous les jours et discuter longuement. Sachant que je cherche un vérin pour le toit de la cellule, un matin il vient me chercher pour aller chez un copain espagnol, Fernando qui tient une société d'accastillage. Il me laisse là bas, nous tentons d'ouvrir le vérin pour espérer le réparer. Nous n'y parvenons pas, par contre nous le fracassons. De toute manière, il était mort... Fernando appelle son chef d'atelier et lui demande de me conduire en ville et de faire tous les magasins pour trouver quelque chose qui ferait l'affaire. Si on ne les a pas tous fait, il ne doit pas en manquer beaucoup. Nous trouvons un seul type de vérin. Plus court, l'axe moins long que le corps et plus puissant. Y a du bricolage dans l'air... Avant de le quitter, Fernando me propose d'utiliser son atelier en cas de soucis. Sympa. Nous sommes introduits dans le réseau espagnol.
Le deuxième jour à Beira, nous allons avec Jo chercher un café internet. Nous en trouvons 5 mais aucun n'acceptent que nous nous connections avec notre portable... Nous allons dans un petit resto, le midi. A la fin du repas, un homme qui avait mangé une table à coté de nous, s'excuse de nous déranger et nous demande si nous sommes français. Preetan est mauricien et nous explique qu'il n'a pas souvent la chance de parler français à Beira et qu'il est content de nous rencontrer. Dans la discussion nous lui expliquons que nous sommes là pour recevoir un colis et que nous avons des soucis pour trouver de l'internet. Et il nous répond que nos soucis sont terminés. Il est le directeur de TNT (société de transport de courrier express) à Beira, il se propose donc de nous aider pour le colis et il nous met à disposition un bureau dans ses locaux pour que nous puissions nous connecter. Nous y passons dans l'aprem. On nous installe et Preetan donne des consignes pour que nous puissions venir quand nous le désirons pendant notre séjour à Beira même s'il est à l'extérieur. Sympa. Nous sommes introduit dans la réseau mauricien. Bon, c'est le seul en ville...
En peu de temps nous rencontrons une poignée de gens qui nous aident spontanément. Le resto où nous nous trouvons étant un des lieux stratégiques de Beira, nous voyons souvent tout le monde et nous sommes présentés à d'autres personnes. Ici une chilienne travaillant pour une ONG catalane, là un italien coopérant, des mallorquines en vacances et biensur des mozambicains. Des invitations tombent de toute part, nous ne les acceptons pas toutes surtout celles en soirée, schtroumph oblige.
Beira n'est pas touristique, Beira est très cosmopolite. On voit des arabes, des indiens, des chinois, des européens, des africains, beaucoup de métis. C'est calme, souriant, tout le monde semble (depuis notre vision extérieure des choses) cohabiter tranquillement dans une ambiance relax. Et c'est relaxant, on se sent bien. Tant mieux car c'est sur que l'on va y rester un moment.
La plage est belle. Les enfants passent les journées dans l'eau et à la pêche. Ils se sont fait plein de copains et toute la journée ce n'est que jeux, jeux et jeux.
Va être dure la rentrée des classes...
Les jours se passent doucemanette. Javier nous rend visite souvent et nous enchaînons les conversations. Preetan nous invite chez sa belle famille pour manger un curry . Fred et Lorie, un couple d'hollandais s'installent pour deux jours près de nous. Ils voyagent en bateau et pour faire Hollande-Afrique du Sud par le canal de Suez, ils ont mis 4 ans. On ne peut pas dire qu'ils ne prennent pas leur temps. On discute longuement.
En mode "voyage", les discussions sont souvent simples et constructives. Les tabous disparaissent entraînant avec eux, toute forme de protocole. Tout le monde est sur le même pied d'estale, personne ne cherche à avoir raison. De toute manière, le voyage tue la notion de vérité, elle laisse la place à l'expérience de chacun et aux hypothèses. On est là, de passage, témoins de scènes de vie, parfois acteurs. On essaie de comprendre en acceptant les individualités. Difficile d'éviter tout jugement, forcément on voit des trucs "glop" et d'autres "pas glop" mais la diversité des modes de vie rencontrés accroît la tolérance et l'acceptation quotidiennement ou alors quand cela commence à faire un peu trop, on rentre à la maison. On a rencontré quelques voyageurs qui ont écourté leur séjour car ils avaient atteint leur limites. Trop de différences ? Trop de remises en question ? Besoin de retrouver les repères originaux plus sécurisants ? On a tous nos limites et elles peuvent arriver à n'importe quel moment sans crier gare. Il y a une grande solidarité entre voyageurs face à ce danger. C'est l'épée de Damocles qui pendouille au dessus de nos désirs de découvertes. Mais ce n'est pas grave, ce qui est pris est pris...
Tout ça pour dire qu'on avait longuement discuté, avec beaucoup de simplicité, avec Lorie et Fred de leur voyage en bateau.
En bateau ...
Mardi 1 septembre 2009, nous sommes acteurs d'une grande production de série Z.
Voici son titre, au risque d'en divulguer son intrigue : L'attaque des abeilles tueuses.
On va la faire courte, si on peut. 8h30, petit déj, 2-3 abeilles tournent autour de nous. Une s'accroche dans les cheveux de Clo. Pendant que l'on essaie de l'enlever, on observe que d'autres abeilles foncent sur la tête de Clo. Tient, tu as du mettre une lotion qui leur plait bien ! Puis on sent des petits chocs sur la tête. Tient, nous avons du mettre une lotion qui leur plait bien ! Une abeille s'accroche dans les cheveux d'Hugo. Pendant ce temps Clo se fait piquer à la joue. Il y en a de plus en plus et elles attaquent. Elles nous rentrent dedans et cherchent à piquer. Aucune charge d'intimidation. Pendant que j'aide Hugo, une abeille me pique derrière la tête et une autre à la lèvre. Repli stratégique dans la cellule, toujours sous l'attaque de ces petites merdeuses.
Nous nous disons que nous devons avoir quelque chose qui leur plait bien sur, sous ou autour du 4x4... Equipé d'un filet autour de la tête, type apiculteur (on avait prévu cet accessoire en cas de rencontre avec des insectes chiants comme les petites mouches et les petits moucherons qui tentent de s'infiltrer par tous les trous qu'ils trouvent) et d'une super bombe de Baygon vert, celle pour les insectes volants, me voilà dehors à inspecter le 4x4. Je me fais assaillir bien vite par les abeilles. Je préviens quelques personnes qui passent par là et qui repartent en courant. Rien autour du 4x4 qui pourrait expliquer la mauvaise humeur de ces bestioles. Je vais au resto voir ce qu'ils en pensent. Ils sont au jus, en fait toute personne qui passe dans la rue, devant, se fait copieusement attaquer. Ils essaient de prévenir les gens, certains comprennent avant d'entrer dans la zone interdite et d'autres courent en se frappant la tête comme des fous furieux. Un pécheur à la crevette est au milieu de la rue et tente d'échapper aux abeilles, caché sous son filet. Mais ça ne marche pas vraiment et bientôt le gars appelle à l'aide et se met à pleurer. Pas grand monde qui bouge, comment y aller et revenir indemne ? De l'autre coté de la rue un garde, en treillis et tout le touin touin prend l'initiative de faire un feu dans une brouette pour essayer de sortir le pécheur. Nous courons tous les deux vers le gars qui maintenant pleure et crie, lui avec sa brouette enflammée et moi avec mon Baygon vert. En jetant son feu au sol, le gardien manque de mettre le feu au filet et d'immoler notre pauvre pécheur et pour ma part je manque de tuer de rire l'ensemble des abeilles dès que j'ai actionné le terrible spray vert. C'est simple, on ne voyait presque plus le filet tellement il y avait d'abeilles dessus, des centaines et le mec dessous qui se faisait piquer. Vu le merdier, on n'a pas fait dans la dentelle, on a soulevé le filet, sorti le gars et je suis parti en courant avec lui dans un nuage de spray vert pour masquer notre fuite. 300 m plus loin, hors de la zone interdite nos poursuivantes lachaient prise.
Ces garces ont emmerdé le quartier pendant plus de trois heures et quiconque entrait dans leur zone, se faisait attaquer de belle manière. Pourquoi ? On ne sait pas. Le lendemain à notre grand soulagement, elles n'ont pas remis ça.
On a pu reprendre notre train-train de bord de plage...
Et ce train-train était un petit tortillard car nous y sommes restés 21 jours sur notre bout de plage... Les cours n'ont mis que quatre jours pour nous parvenir mais pour organiser l'envoi depuis la France ce fut un calvaire administratif. Les problèmes n'arrivent pas forcément du coté que l'on pense... Dans l'ensemble cela c'est bien passé, les enfants ont bien profité de ces vacances au bord de l'eau et TNT est quand même trois fois moins cher que DHL.
Nous avons eu le temps de faire les vidanges (pas moyen d'acheter un filtre à huile pour TD5, nous avons utilisé notre dernier. Quand on veut faire l'Afrique en TD5, il faut prévoir assez de filtres, on en trouve en AS mais hors de prix.) et même de trouver un capot de 300 TDI pour remplacer le notre. Du coup la roue de secours est encore un peu plus haute et nous ne pouvons plus y ranger notre bassine et le filet de pèche de Hugo mais il devrait être plus costaud. On va voir s'il tient jusqu'à la maison...
Javier pendant tout ce temps nous a mis à disposition son internet, il habite à 500m de notre plage et nous l'avons vu presque tous les jours pour de bien belles discussions.
Le colis de 25 kg reçu, nous avons organisé les cours dans les boites, changé les filtres à eau, réparé en passant une petite fuite qui commençait à mouiller les basfonds de la cellule et mis le cap au nord. Il ne nous reste qu'une semaine pour voir autre chose du Mozambique. Bye Bye Beira.
Pour monter nord, deux routes. Une longue en km et une courte. Nous prenons la courte en km et bien sûr la longue en temps. Mais la piste était belle, en fin les abords. Beaucoup de végétation, relativement verte et plein de petits villages avec des gens souriants. Nous sommes lundi 14, premier jour de la campagne électorale pour les présidentielles. Soit le frelimo (parti du président en place) a commencé au aurore ou alors avant le coup d'envoi... Toutes les huttes que nous rencontrons sont déjà placardées avec des affiches. Dès qu'il y a un petit hameau, on trouve un ou deux drapeaux du parti qui flottent, bienveillants ou menaçants (?). Et ils n'ont pas lésigné sur la quantité de teeshirts distribués. Dans les villes, on voit des femmes qui font la queue devant les bureaux du parti (sous surveillance policière), elles vont bosser. Contre rémunération, on leur donne un teeshirt et elles partent par groupe de 20 à 30 chanter dans les rues en frappant des mains, encadrées par 4 ou 5 hommes portant des drapeaux. On voit des groupes de chanteuses arpenter les rues des petites bourgades un peu partout.
Par contre, on a cherché mais nous n'avons vu aucune affiche d'un des deux plus gros partis d'opposition...
Nous stoppons à Caia pour la nuit et poussons jusqu'à Quelimane, petite ville tranquille au bord du Zambeze. Nous allons à Zalala, la plage de Quelimane, au milieu de milliers de cocotiers pour dire au revoir à l'océan indien.
A Caia, lors d'une malancontreuse marche arrière, un des deux supports des plaques de désensablage va caresser le tronc d'un arbre et la paroie de la cellule cède sous l'émotion de ce contact chaleureux. Il nous reste de la résine mais plus de fibre de verre pour réparer le traoucass. On va faire ça avec de l'élastoplast, c'est ce que l'on a de plus ressemblant... (ça à l'air de tenir ...).
Nous avons commencé les cours, doucemanette. Tout le monde joue le jeu de la reprise, ça se passe bien. Pourvu que ça dure!
A Zalala, nous perdons notre table et notre bassine mauve. Quelqu'un dans la nuit nous les a chipé. Il devait en avoir besoin...
La table avait déjà pas mal vécu en 10 mois mais celle que nous allons regretter, c'est la bassine mauve, grande star des photos prises à travers le parebrise.
Nous comptions monter plus au nord avant d'aller au Malawi mais nous avions oublié ce qu'était notre rythme de croisière en mode "scolaire". D'autant plus que Hugo, en cinquième, a un programme un peu plus chargé que l'année dernière.
Alors on trace vers la frontière à Mulange, encore une piste bien sympa mais forcément longue. Pour une piste dite en bon état, il faut compter faire du 50 km/h. Donc 200 km, 4 heures. A Mulange on négocie pour dormir dans l'arrière cour d'un petit bar/motel, faut dire qu'il n'y a pas pas grand chose. Cela nous rappelle l'Afrique de l'ouest, où on négociait des nuitées dans des endroits improbables qui nous emmenaient leurs lots de rencontres africaines. Y a pas photo, à choisir, on préfère une arrière cour qu'un campsite.
A la douane, on sort très facilement du pays. Les formalités sont réalisées en un temps record.
Dommage que nous ayons pas pu visiter un peu plus le Mozambique, surtout le nord mais bon... next time...
C'était vraiment sympa, relax, chaleureux et en mélangeant l'espagnol et le catalan
ça donne un portugais acceptable pour converser.
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Chicamba
Toujours les mêmes scènes...
Plage, Beira .
Et son ombre...
Activités
Habitant de la plage.
Préparation.
Fer
Affaires de pécheurs
Bus
Immeuble à Beira
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